Mois de l'écriture - Novembre 2024
Tous les ans, le site Kobo Writing Life propose un "mois de l'écriture". L'idée est d'écrire tous les jours entre 250 et 750 signes. Mais pas n'importe comment ! Tous les jours un mot est imposé ! Et il doit être inclus dans le texte. La liste est déjà disponible, hormis certain mots qui seront découverts le jour J ! Au total, 21 jours d'écriture que je vous propose de faire ensemble. Tous les jours je vais déposer ici mon texte ! De votre côté, si vous souhaitez participer, vous pouvez m'envoyer vos écrits (via la boite de contact, ou par mail, sms...), que je posterai à côté du mien. Alors, partant ?
Jour 1 : Bretagne
Marianne
Ce matin, je ne me suis pas réveillé dans mon lit comme à l’accoutumée,
mais allongé sur du sable chaud. Je me suis d’abord cru en vacances, à faire une
sieste au soleil. Puis, de l’eau très froide a commencé à me chatouiller les pieds.
Ce qui m’a tout de suite sortie de ma rêverie… Étonné de me trouver là, je me suis
assis et j’ai observé autour de moi.
Seul au monde, sur ce petit bout de plage, je n’ai eu aucun problème
à reconnaitre l’endroit précis où je me trouvais. Falaise en granite rose, à ma
droite. Phare au milieu de l’océan, devant moi. Petit port qui ne comptabilise que
trois bateaux à l’année, sur ma gauche. Ce paysage, digne de ma Bretagne natale…
Il n’y a aucun doute, je suis bien chez moi ! Mais, comment
suis-je arrivé ici ?
Isabelle
Ils ont des chapeaux ronds vive la Bretagne...
Et s'ils avaient été carrés !?
Vous croyez que cela aurait changé les choses ?
Les crêpes auraient-elles eu une autre forme ?
Des crêpes carrées...
Les danses ne seraient plus des rondes ?
Difficile d'imaginer comment il est possible de danser en carré...
Mais c'est peut être justement parce que les crêpes sont rondes et qu'ils dansent en rond qu'ils ont des chapeaux ronds les Bretons.
Laurène
" - Réveille toi Charlie, nous sommes arrivés."
Je peine à ouvrir les yeux. C'est maman qui m'a appelée. Avec papa, ils sont déjà sortis de la voiture. Ils admirent la vue. Je me redresse dans mon siège pour voir dans leur direction. La plage. Il doit y avoir du vent, les cheveux de maman sont en pagaille mais elle essaye de les tenir comme elle peut avec une pince. Je vois papa rigoler de la situation.
Comment ils font pour être heureux alors qu'on vient de tout quitter pour venir vivre ici, en Bretagne.
Je me retourne dans mon siège et referme les yeux, serrant contre moi mon livre de mythes et légendes de France. Je veux rentrer chez moi.
Monique
Que de vacances passées dans cette Bretagne chère à mon cœur.
Nous y sommes allées à 2, 3... 6 et nous t'avons fait découvrir à nos enfants.
Promenades, visites, baignades, traditions.
Et surtout retrouver une partie de nos racines. Lorsque que je viens te voir, j'ai l'impression de renter chez moi, même si je n'ai découvert ta beauté qu'adulte. Hâte de te revoir Bretagne.
Maryline
Souvenirs de Vacances
J'ai entendu dire si tu vas en Bretagne, tu auras de la pluie. Les peu de fois où j'y suis allé je n'ai eu que du soleil ! J'ai découvert ce beau territoire par une amie. J'y ai passé de bon moment en découvrant des gens chaleureux attachés à leur patrimoine et leur culture.
Ce fameux drapeau blanc et noir, je l'avais enfin vu dans de nombreuses boutiques.
Les fêtes bretonnes y en a pour tout les goûts.
Si je pense Bretagne je pense à l'île de Bréhat avec sa verrerie et sa chapelle. J'ai aimé faire du vélo ou marcher en contemplant les paysages que nous offre cette belle nature.
Des jolis souvenirs que je partagerais avec mes proches dont ma fille qui n'a qu'une hâte découvrir ces magnifiques paysages.
Maeva
Brocéliande se situe-t-elle en Bretagne ? Rien ne me semble moins certain…
Lorsque tu déploies ta carte du tendre, toute contrée se nimbe d’un brouillard mystique.
Les frondaisons infinies de ta pensée arborescente guident mon cœur, là, où mes doigts s’abrasent à même l’écorce rugueuse, tandis que la mousse voluptueuse se dérobe sous mes pieds.
Perdu au pays de tes charmes, mi-démon, mi-pucelle, Homme, en somme, gît en ton giron :
Merlin, enchanté.
Philippe (oups : trop de signes 🫣)
La Bretagne, se sont mes origines par ma mère. La première fois que j’ai découvert la Bretagne c’était pour les funérailles de Annie ma petite cousine, elle était extraordinairement appréciée, pour son dernier voyage des centaines de personnes étaient venues dans cette grande église du village. Lors de la cérémonie j’étais à côté de ma tante Anne-Marie qui m’a consolé tant j’avais de l’émotion. Des personnes ont parlé de Annie d’une façon généreuse et de son engagement pour notre société que j’aurais aimé mieux la connaître, il y avait aussi un académicien pour lequel Annie était sa secrétaire. Il y avait des fleurs pour chaque personne qui était là dans l’église. Le cortège par la suite fut majestueux jusqu’à l’emplacement de son repos éternel. Sur le chemin où se trouvait la maison de Annie au passage du cercueil son chien et son chat étaient assis devant le portail et ils regardaient silencieux cette belle cérémonie.
Oui c’est dans ces circonstances de la vie que j’ai découvert cette belle Bretagne.
Jour 2 : Cavalcade
Marianne
Je suis resté installé ainsi plusieurs heures. J’ai observé la nature en cherchant à me souvenir. Mais rien à faire… Je n’ai constaté qu’au bout d’un moment que j’étais, en plus de cela, habillé en guenille ! J’ai donc décidé de quitter la plage. Impossible de continuer à attendre que le temps passe ainsi…
Alors que je marchais un peu plus loin sur le sentier menant du littoral au village, j’ai entendu du bruit ! Plus je m’avançais et plus celui-ci s’amplifiait ! Je me suis bien interrogé sur le type de cavalcade que j’allais rencontrer ! Mais, je pense que je n’étais pas du tout prêt et que je m’attendais à tout sauf à ça !
Isabelle
Il court il court le furet, le furet du bois Mesdames…
A la une ce soir, la cavalcade de celui qui se fait appeler « le
furet du bois Mesdames ». Malgré un important dispositif mis en place
depuis plusieurs jours pour le retrouver, aucun élément ne nous permet de
donner sa position. Nous pouvons néanmoins suivre sa cavalcade avec ces roses
déposées à divers endroits de la ville, endroits même où les cœurs brisés de
femmes ont été recensés ! Qui est-il vraiment ? Que cherche t’il ?
Tout ce que nous pouvons dire c’est qu’elle peut durer encore longtemps la cavalcade du furet du bois Mesdames !
Monique
Le jour vient à peine de se lever et je suis à peine réveillée.
Dans les escaliers des cavalcades précédent des cris de joie.
La maison est déjà sans dessus-dessous.
Les papiers sont déjà arrachés et mit de côté.
Les jeux sont en cours de construction, tous mélangés.
Qu’il est bon ce moment où il n’y a que du bonheur et de la joie dans les jeux de ceux que l’on aime.
Maryline
Une belle journée d'automne pour partir en randonnée.
Allez hop je prépare mon matériel, j'emmène mon fidèle
compagnon Cookie un border Collie sage et qui me suis partout. Nous décidons de
partir sur cette montagne que j'apprécie pour ces chemins et surtout la vue qui
nous attend en haut du sommet. Nous partons tôt le matin à la fraîche.
Le calme absolu.
Sur le chemin j'aime m'arrêter et observer cette nature
sauvage. Je prend le temps de respirer.
Dans ce monde qui va trop vite, je me vide la tête et ne
pense qu'à ce que je vois et ce que j'entends, bref à l'essence même.
Après quelques heures de marche j’entends et j’aperçois une cavalcade de chevaux sauvage, que c'est beau. En nous voyant ils ralentissent et nous observent. Cookie trépigne d'impatience car il n a qu'une envie jouer avec eux, mais nous continuons notre route pour atteindre ce sommet et boire en haut un bon chocolat chaud.
Maeva
Au début, j’ai cru à une mascarade. Mais, sans boutade, tu as confirmé : « Je suis malade. Hospitalisé. C’est la panade. » Après la syncope, je me barricade aux émotions et enclenche la cavalcade. Sac saisi, escalier dévalé, départ en pétarade, la dérobade est interdite, pas de temps pour les cascades. Après la bousculade, dans un intercité, empli de maussades, mon téléphone, notre lien, tombe en rade. C’est idiot, mais… dans le reflet d’une vitre crade, s’embue mon regard de jade. Le train balade mon corps à rythme de sénateur, quand mon esprit déferle vers toi, tel une tornade. Tu es ailleurs, est-il trop tard ? Ces mots ruminés ponctuent la cadence des rames sur les rails, comme les sabots d’un cheval, piaffant, soudain lâché au galop.
Jour 3 : Emberlificoter
Marianne
Enfin arrivé au bout de mon chemin, le sable est devenu pavé.
Et les bruits sourds jusqu’alors se sont transformés en phrase. Je suis resté bouche
bée devant le drôle de spectacle que m’offrait alors la centaine de personnes emberlificotées
sur la place principale de ma bourgade !
Chacun des membres de cette troupe étaient déguisés en
poisson ! Il m’a semblé reconnaître des morues, des saumons, des gardons, des
brochets… Et j’en passe. Tous scandaient le même slogan : « Vive l’océan ! »
Dans quel monde est-ce que je suis arrivé ? Je me suis bien
demandé si je rêvais ! Mais il semblait que non !
Isabelle
Oui, vas-y, tu peux te servir, il trop bon !!!
Alors ? Il est bon mon gâteau au chocolat ?
Ah, tu vois, il est super léger !
Tu aimes tellement les gâteaux au chocolat que ça me fait plaisir de t'en faire un !
Les ingrédients ? Classique, rien de spécial...
Tu n'en laisses pas une miette, ravie qu'il te plaise...
Comment ? Les épluchures de courgettes ? Euh...
Je crois que je l'ai un peu emberlificoter...
Monique
Endroit, envers pour l'instant tout va bien.
Maintenant les couleurs, bleu clair, bleu foncé, rouge, rose, blanc.
Les explications sont lisibles.
Mais il n'y a rien à faire, je n'y arrive pas et de plus j'ai un sacré emberlificotage dans mes laines.
Quelle idée j'ai eu de vouloir faire ce pull après tant d'années.
On ne m'y reprendra plus, j'arrête le jacquard.
Maeva
Lundi matin, France Services, nous sommes huit, fardés d’un éclat de néon épileptique. Presque civilisés, nous nous partageons trois chaises.
Vient mon tour : « Bonjour, mon PC est en panne, je viens de la C.P.A.M. de nocaM qui veut un avis d’imposition. »
Le guichet : « Vous avez rendez-vous ?
- Non, je n’ai pas pu me connecter à mon espace, mon PC est en panne.
- Alors, allez créer votre Idé. Num. à la poste pour prendre rendez-vous sur l’appli ou allez au S.I.P. de nolahC.
- Mais c’est à trente bornes!
- C’est le maillage territorial issu de la loi ‘Nouveaux réseaux de proximité’ ».
Je renonce. Ce maillage est plus emberlificoté que les toiles de l’araignée que j’ai au plafond! Merci, France sévices!
Jour 4 : Rouille
Marianne
J’ai cherché à passer inaperçu car je me suis dis que sans ça, j’allais être enrôlé dans je ne sais quelle action ! Il faut dire que ce banc de poisson faisait un peu peur à voir ! Certains d’entre eux transportaient même des aquariums bien remplit…
Je n’ai donc pas cherché à comprendre quoique ce soit et j’ai tracé mon chemin le plus naturellement possible. Je pensais réussir à atteindre l’autre côté de la place sans soucis. Sauf que j’étais pieds nus, évidement… et que j’ai eu le malheur de poser mon talon sur le seul endroit plein de rouille présent ici : un clou !
Je vous laisse imaginer le cri que j’ai poussé et la douleur que j’ai ressenti. Non vous ne voulez pas imaginer ? Et bien… sachez que tous les poissons se sont tourné vers moi.
Isabelle
Cette petite tâche de rouille à peine visible sur cette belle grille de la demeure aurait pu passer inaperçue... Juste une petite trace qui pourrait être nettoyée... Mais moi je sais qu'elle va grossir, que la petite tâche va devenir grande au point d'envahir toutes les arabesques recouvrant ainsi d'orange le noir brillant pourtant entretenu depuis 50 ans par les propriétaires. Ces points de rouille sont un peu comme ces tâches de vieillesse sur les mains des personnes âgées, marquant ainsi la vie qui passe...
Monique
A force de passer devant cette vieille maison envahie d'herbes hautes et autres végétaux, je finis par oser entrer à l'intérieur.
Tout est resté figé.
Je vais de pièce en pièce, prête à me retrouver nez à nez avec le propriétaire d'un autre âge.
Mais dans un coin mon regard est attiré par un objet.
Une vieille machine à coudre pleine de rouille.
Je la vois neuve, en train de coudre de jolies tenues pour de jeunes demoiselles d'un autre temps.
Il est temps de partir et de revenir à mon époque.
Maryline
Dans chaque ville, village se trouve une vieille bâtisse ,maison , lieu abandonné où vérité se mêle à des légendes.
Le 31 octobre jour d'Halloween où les citrouilles , sorcières, et autre
créatures mystérieuses et effrayantes règnent ce jour là.
Je m 'appelle Timéo et j ai 14 ans .
Avec mes amis nous décidons d aller explorer la vieille bâtisse
du Vieux grincheux de la ville appelé Hubert le phacochère.
Ce soir nous nous équipons d un sac , d' un appareil photo ,
d 'une caméra et de plusieurs gousses d' ail au cas où ou si nous croisons
quelques vampires...
En arrivant devant, la porte est couverte de toile d 'araignée
et de rouille ..
Nous ouvrons la porte grinçante et la d' un coup des milliers de chauve souris nous attaquent ...
Maeva
Mes yeux plissent sous l’appréhension au spectacle de ses quenottes qui mordent dans la tartine. Pour la première fois, ma fille, élevée dans les frimas du nord, potelée de maroilles et de carbonade, va autoriser de la rouille à s’aventurer sur ses papilles. Ses joues, il y a peu laiteuses, désormais rougies et pelées par un coup de soleil, s’arrondissent de contentement : « Ch’est bon les vacances avec toi, papa ».
Jour 5 : Chaudron
Marianne
Quand j’ai sentis tout ces regards braqués vers moi, j’en ai eu une sueur froide ! J’ai fait un sourire et je me suis éloigné en boitillant. C’est seulement une dizaine de mètres plus loin que j’ai à nouveau entendu le bruit de leur slogan. J’ai donc ralentit le pas et je me suis assis sur le premier banc rencontré pour regarder mon pied…
Au même moment, une morue s’est assise à côté de moi. Je n’avais même pas remarqué que j’étais suivis ! « Je sais comment soigner ton pied. » Qu’elle m’a dit ! « Suffit de le tremper dans un chaudron plein d’eau avec des baies ! »
J’ai du faire des gros yeux. Parce qu’elle a haussé les épaules et s’est levée pour partir. Je ne sais pas ce qui m’a prit. Mais je l’ai interpellé. Et elle est revenue vers moi…
Isabelle
- Ne touche pas, tu vas te brûler !
- Juste une petite cuillère
- ce n’est pas encore cuit
- mais ça sent si bon
- je sais et tu te régaleras demain matin quand tu la
mangeras avec du bon pain grillé
- comment fais-tu pour faire une confiture aussi bonne !
- ce n’est pas moi qui lui donne cette perfection
- un peu quand même
- non ma puce, c’est ce chaudron en cuivre que j’ai hérité
de ma mère qui l’avait elle-même hérité de sa mère
- et bien pour moi c’est un chaudron magique qui donne les
plus merveilleuses des confitures
Monique
En cette période de fête, les contes sont lus et relus.
Ceux que j'aimais viennent d'Irlande.
Les fées, les elfes et surtout les léprechaunes qui d'un coup de bâton vous emmènent dans leur monde magique qui garde leur chaudron remplis de pièces d'or.
Mais ce chaudron est-il le même que celui qu'il y a aux pieds de ces superbes arc-en-ciel ?
Si seulement nous pouvions aller dans ces contes qui nous font rêver et voyager dans ces mondes imaginaires... ou pas !
Maryline
Ah ce fameux Hubert qui ressemble à un phacochère.
Savez-vous que Hubert, jeune, était un passionné de magie ? Aujourd’hui
âgé de 85 ans, il vit dans une vieille bâtisse où certains enfants aiment
tenter de partir à sa visite. Il n’aime plus sortir. Le monde actuel avec les
nouvelles technologies ne lui plaît pas trop. Par contre, ce qu’il aime, c’est
faire des farces aux enfants. Chaque jour d’Halloween, il met plein
d’équipement en place : vidéo projecteur, son effrayant et même un faux
chaudron de sorcier avec des bulles qui apparaissent, et surtout, il met son
plus beau déguisement de magicien fou. Et il est parti pour sa plus belle
soirée de l’année.
Maeva
Je conclus cette lettre de rupture d’un : « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! ». Non ! Je biffe. Ce n’est pas assez : quinze ans qu’il me dénigre devant ses amis, qu’il me gave avec ses lubies, qu’il me prive du moindre temps libre, qu’il déverse sa charge mentale sur moi. Bref, ma patience ne fut pas étriquée. Il n’était pas question d’un dé à coudre, pas d’un verre à shot, non plus d’un pichet, même si j’ai été bien cruche… Ma complaisance, coupable, a été digne d’une gourde, d’un sceau, d’un, d’un… Bah tiens, puisqu’il me prend pour sa ménagère, pour sa sorcière bien mal aimée, j’ai trouvé : « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le chaudron ! ». Signé Furixe.
Jour 6 : Indulgent
Marianne
Isabelle
Monique
Cela fait plus d'un mois que notre association attend ce fameux contrat.
Serons nous indulgent ou pas ?
Bien sur que oui,, car il ne s'agit pas que de nous, mais d'autres personnes dépendant de ce contrat.
Si nous ne sommes pas indulgent pour certaines personnes à quoi ça sert de faire partie d'association...
Maryline
La porte s’ouvrit et les enfants crièrent de peur. Notre bon Hubert rigola un instant et, à la vue des visages des jeunes habitants, arrêta toutes ses machines. Il les rassuras et se présenta en leur proposant un bon chocolat chaud. Les enfants acceptèrent et Timeo ne rata pas un instant de filmer ce qu’il voyait. Derrière ces décors farfelus se cacha une somptueuse bâtisse ressemblant à un joli château. Hubert décida d’être indulgent avec ces jeunes qui souhaiteraient juste explorer les lieux. Timeo et ses amies s’asseyaient autour d’une jolie table en bois et Hubert leur amena des chocolats chauds et il leur raconta son histoire de vie, sa passion pour la magie. Une belle amitié fut créé. Les enfants rendent visite à Hubert régulièrement.
Maeva
Il s’exhibe dans la vitrine. Elle, le contemple, indécise, depuis
la rue venteuse et pluvieuse. Avec son nappage de chocolat ébène, où se
reflète la lumière des réverbères de cet après-midi d’hiver, le gourmand
indulgent porte bien son nom. Elle cède. Oscar Wilde avait raison, « le
meilleur moyen de résister à une tentation est d’y succomber ». Elle
rentre dans la pâtisserie. Commande. Rassérénée par les effluves de
cannelle, elle se dissout dans un fauteuil crapaud en contemplant les
cristaux de sucre se disperser dans le thé chaud, comme autant
crispations musculaires et de ruminations vaines. Place à l’indulgence :
la cuillère plonge dans la génoise moelleuse. A la balance de juger
dans ce « demain » qui n’existe pas.
Jour 7 : Épiphanie
Marianne
Oui. Parce que peu de temps après j’étais installé dans le salon
d’une maison. Enfin… Si on peut parler de maison. Parce que c’était plutôt. Mmmh
comment dire ? Étroit ! Une petite table, une petite cheminée, un petit
canapé. Deux chaises et une porte menant je ne sais pas où.
Ma morue m’a laissé m’installer sur le canapé. Et pendant qu’elle allumait la cheminée elle n’a pas arrêté de bavarder ! De me raconter sa vie. J’avoue n’avoir écouté que d’une oreille. Mais si je ne me trompe pas, j’ai eu le droit à toutes ses histoires de famille ! De Noël à Pâques. En passant par l’épiphanie. Et la fête du poisson…
Monique
A dos de chameau, ils mettent 12 jours à arriver à travers le monde pour voir cet enfant tant attendu.
Mais aujourd'hui, nous attendons avec impatience ce jour de l’Épiphanie pour nous délecter de ce fabuleux dessert qu'est la galette.
Je la préfère à la frangipane, d'autres au chocolat ou à la pomme.
Mais peu importe la garniture, car grâce à elle nous nous retrouvons pour la déguster.
Maryline
Aaaah, l’Épiphanie et sa galette des Rois. Ce que j'aime en particulier dans ces jours de partage, ce sont les fèves. Ce mini objet que l'on glisse à l'intérieur de notre galette, mais aussi dans les tiroirs de nos parents, grands-parents et même dans les brocantes… Chaque année, une nouvelle collection, j’aime comparer celle que je vais acheter pour juste avoir cette fève qui me plait…
Et puis aussi, il y a ce moment de sacrifice quand tu dois faire la galette maison et tu invites tes amis ou ta famille. Quelle fève choisir ? Une pas trop moche, mais pas trop belle non plus. Ne pas mettre celle que tu préfères.
Maeva
Il ouvre l’enveloppe. Elle contient le compte-rendu de la
consultation. Quelques lignes parcourues du diagnostic et c’est
l’épiphanie. Tout prend enfin sens, s’harmonise. Il anticipe, serein.
Dans ses mains, le déclic de ses claques à venir le cible comme un
Glock.
Jour
8 : Pompe
Marianne
De ce que j’ai cru comprendre, il s’agit d’une fête qui n’existe qu’ici. Et uniquement près des initiés. Peut-être que c’est pour ça que je n’en ai jamais entendu parler avant… Tu connaissais toi ? Non ? Ça me rassure !
Du coup, pour intégrer leur rang il faut passer des épreuves. Ma morue n’a pas voulu m’en dire davantage… Par contre, elle a subitement changée de conversation ! Elle m’a demandé si j’étais sportif. Bien sûr, je n’ai pas pu m’en empêcher. J’ai répondu oui. Et j’ai fais dix pompes à la suite ! Je pensais l’avoir impressionné. Mais quand j’ai vu dans son regard son désintérêt total, j’ai compris que non… Son feu de cheminée l’intéressais bien plus que moi. J’ai donc reposé mes fesses sur le canapé pour attendre la suite…
Isabelle
Maeva
Elle avait fait les choses en grande pompe. Robe de couturier, calèche, château et pièce-montée. Mais la belle-mère était du voyage de noces... L'encre de l'acte de mariage n'avait pas séché, qu'y fut apposée la mention du divorce. Ne restait de tout cela que quelques dragées et son alliance en gage au mont de piété.
Jour 9 : Sanglot
Marianne
Et qu’elle suite ! En y repensant cette journée n’a été
qu’un enchaînement de moments les plus tordus les uns que les autres. Dans l’instant
je n’y ai pas pensé. Mais maintenant qu’on en discute… Je pourrais fondre en sanglot
tellement il s’est passé des choses encore pire que ce que tu peux imaginer !
Parce que tu es loin de tout savoir ! Toi tu vis toute cette aventure à travers
moi. Et tu as de la chance je crois.
Ma morue, dans le fond, elle n’est pas méchante. Juste obnubilé
par les idées de sa secte pleine de poisson… Je ne peux pas lui en vouloir. Je sais
que tout n’est pas sa faute.
D’ailleurs, c’est lors de mon attente sur le canapé que je lui
ai demandé si elle n’avait pas des vêtements pour moi. J’en avais marre de mes guenilles.
Isabelle
Maryline
Quand je rentre dans ce lieu, je retiens mes sanglots. Comment cela est-il possible ? Les jours, mois et années passent. Ton absence reste toujours aussi cruelle. Tu es parti si jeune et nous étions aussi si jeunes.
Malgré cela, il faut savoir avancer.
Je ne retiens que nos bons souvenirs, l'amour que tu m'as donné et que je transmets aujourd'hui à ma fille, ta petite fille.
Mais depuis ta disparition, je me suis promis de vivre pour deux.
Toi et moi ensemble.
J'ai eu beau voir de nombreux médecins, psychologues, la douleur ne disparait pas.
Heureusement, dans la vie, on croise des gens, des amies qui sont là pour nous et qui nous aident à continuer à nous construire. Puis la famille, certains disparaissent et d'autres sont toujours là.
Maeva
Ils m'ont achetée. Je suis à nouveau raccordée. Ces petits parasites me redémarrent d'un électrochoc. Je résiste, un peu, me fait désirer... Question de principe. Ils dégrippent mes manivelles, tripotent les interrupteurs, les thermostats. Cela chatouille : je ne peux réprimer un grondement rauque comme la corne d'un navire. Il se mue en une plainte de plus en plus sourde, un sanglot étouffé. La rumeur du ruissellement se régule enfin. Elle devient imperceptible. Leurs larmes de joie coulent avant ma première eau. Lieu loin du mal je suis leur foyer, leur bien.
Jour 10 : Cime
Marianne
J’ai
été très perplexe ensuite. Elle m’a dit qu’elle me donnerait des vêtements mais
qu’à une seule condition. Je me devais d’être un grand sportif ! Je ne savais
pas pourquoi elle était complètement obsédé par ça… Mais elle m’a lancé un défi
pour vérifier mes aptitudes…
« Si
tu grimpe sur la cime du plus grand arbre de notre île, alors tu pourra prétendre
être grand. Et alors… » J’ai terminé
sa phrase en disant que j’aurais droit à des vêtements ! J’ai alors vu dans
son regard un drôle de reflet. J’ai bien compris qu’elle n’avait pas l’intention
de finir ses propos de cette façon là. Mais comme elle n’a rien ajouté… Il ne me
restait plus qu’à jouer à l’arboriculteur. Sans équipements.
Isabelle
Maryline
Mais non, en fait, imaginez-vous que je finisse ma vie dans l'estomac d'un gros matou tout poilu… ou que je me fasse avaler tout cru par un serpent ou pire encore qu'un rapace m'attrape en volant et me donne comme repas à ses petits ? Déjà, j'ai le vertige et je ne supporte pas les pleurs des enfants.
Bref, non, je suis bien avec mes jambes, mes pieds et mes bras.
Maeva
Seuls demeurent des chrysanthèmes pour leur crier je t’aime. Ouiront-ils ce sarcasme, ultime concession à leur cercueil ? Les feuilles d’ormes mordorent. Elles dominent la forêt de cimes, la foison de croix, où les morts dorment à la racine. Las et mornes, se terrent en cette luxure de sépultures, en ce cimetière, ceux qui déposèrent le cimeterre.
Jour 11 : Murmurer
Marianne
Ma morue
m’a accompagné jusqu’à ce fameux arbre. Et c’est vrai qu’il est très grand. Je ne
sais pas trop pourquoi j’ai accepté ce défi. Mais j’ai commencé à grimper. Dès sa
base, il y avait suffisamment de nœud pour que ce soit réalisable.
Arrivé
à trois mètres de hauteur environ, j’ai eu le malheur de regarder en bas… Il faut
dire que j’ai le vertige ! Alors je ne te raconte pas le calvaire et les sueurs
froides que j’ai commencé à ressentir. J’étais complètement paralysé !! J’ai
murmurer une prière en fermant les yeux. Impossible pour moi de continuer
l’ascension ! Cet arbre devait bien mesurer dix mètres de haut !
En bas, j’imagine que la morue me regardait de travers. Mais peu importe ! J’ai pris ma décision de ne plus bouger d’un pouce.
Isabelle
Chut 🤫
Je murmure
Tu murmures
Il murmure
Elle murmure
Nous murmurons
Vous murmures
Ils murmurent
Elles murmurent
Qu'il est bon de murmurer des mots tendres à l'oreille de ceux qu'on aime
Maeva
Début d’automne, murs et mûres. L’horloge fait plus que murmurer,
elle carillonne « Dans deux jours, tu auras trente quatre ans ». Pour
d’incertains certains et certaines, cela serait la certitude du glas.
Quant à moi, je jubile ! Je suis mûre, je cueille les jours et le
décompte de ceux passés m’insuffle la joie de ceux à venir. Vieillir est
un privilège pour qui sait s’assagir sans cesser d’agir.
Jour 12 : Quadrilatère
Marianne
Après ce que je considère comme deux heures assis à moitié sur une branche à enlacer le tronc de ce grand arbre, ma morue a criée pour m’interpeller. Tant bien que mal, j’ai regardé dans sa direction. On était seuls au départ. Et voilà que je voyais des centaines de poissons sous mes pieds. Une fois de plus, j’ai réussi à me retrouver au centre de l’attention !
Tous les poissons en repris en cœur les mots de ma morue : « saute ». Je me doutais de leur folie. Mais me faire sauter dans le vide ? J’en ai eu la confirmation. Le pire dans tout ça, c’est que je dois moi aussi être fou. Parce que j’ai sauté… Bon en réalité, j’ai repéré juste avant mon saut un gros coussin en forme de quadrilatère. Je n’ai pas réfléchis et je me suis lâché.
Isabelle
Quadrilatère... Un seul mot et nous voilà replongés dans nos cours de math... Bons souvenirs pour les uns plus mauvais pour les autres... Mais je pense que nous l'avons tous dit "ça va me servir à quoi ?! " Personnellement, à rien ! J'ai beau chercher, à quel moment je parle de quadrilatère !?
Je vais essayer lors de ma prochaine soirée d'en parler.
Je pourrais dire par exemple :
" Bonsoir Raymond, comment vas-tu ? Bien ? Et ton quadrilatère ? " Hum... À part si c'est le prénom de son chien... Je ne suis pas sûre d'avoir une réponse !
Monique
Cauchemars cette nuit.
Je rajeunissais de 60 ans. Et là catastrophe, nous avions un devoir sur les quadrilatères.
Calculer les périmètres d'un carré, rectangle, d'un losange, ect.
J'ai horreur de la géométrie, même encore maintenant.
Heureusement que j'ai vieillie et que je n'ai plus besoin de cette matière. Mais les mathématiciens sont certainement d'une autre planète...
Maeva
Il l’avait embauchée comme secrétaire. Elle le terrorisait. Même
s’il pouvait se vanter d’être l’as des détectives privés, le roi de
l’enquête, un limier d’élite, l’administration, les papiers, les
formulaires ne lui inspiraient que méfiance, lassitude et un rien de
mépris. Pourtant, cette blonde froide à la Hitchcock l’avait fait
changer d’avis sur les post-it. Grâce à ses quadrilatères colorés, elle
dégommait d’un trait rageur les moindres tracas du quotidien,
préalablement listés avec un code à trois puces. Avec un sourire
satisfait de chat repus, elle en constellait alors les murs, comme un
chasseur punaisant ses trophées de chasse. Et s’il transformait un tiret
en cœur ? Que penserait-elle de cette provocation ?
Jour 13 : Attendri
Marianne
Et je suis arrivé en plein dans le mille ! Heureusement d’ailleurs. Sinon j’aurais eu assez mal partout… Peut-être que ça aurait été préférable. Je ne le saurais jamais. Quoi qu’il en soit, ma morue et plusieurs poissons m’ont soulevé pour me mettre debout. Une fois sur pieds, j’ai été entraîné dans une direction inconnue. Mais tout le monde me regardait avec un regard attendri… Je crois que ma morue leur a raconté des choses à mon sujet… Des choses sans doute réelle uniquement dans sa tête à elle. Le pire dans tout ça, ce n’est pas tant qu’elle s’imagine des choses. Mais bien qu’elle les raconte et que tout le monde la crois ! Mon aventure n’est absolument pas terminé ! Accroche-toi pour la suite !
Isabelle
Il paraît que pour qu'une viande sur bonne, il faut qu'elle soit attendrie... C'est ce que disent les bouchers ! Ça me laisse un peu perplexe moi la végé qui m'attendris plutôt devant un animal qui broute tranquillement dans un champs sans se soucier de son lendemain, voyez-vous ? À chacun de voir où il souhaite placer la tendresse. C'est un choix... Le mien est fait !
Monique
Voilà la journée tant attendue par tous les écoliers.
Nous sommes mercredi. Aujourd'hui pas d'école, à nous la grasse matinée, les jeux avec les copains.
Attendu ce jour sans avoir à se lever tôt.
Promenade dans les bois, malgré le froid au lieu de courir dans la cours.
Repas d’une mamie attendrie devant cette tablée de cousins cousines au lieu de la cantine.
Jeu de petit chevaux, bien au chaud.
Qu'il est agréable ce jour tant attendu.
Maeva
Paul ignorait l’entêtante sonnerie de son téléphone et s’efforçait de réparer la machine à café armé d’une touillette-tournevis, pendant que Christelle crispait ses ongles sur le goblet désespérément vide. Karima et Nadine médisaient en se cachant derrière leur écran sur Alain qui entendait parfaitement. Si son siège était adapté, ce n’était pas en raison d’une surdité, mais d’une sclérose en plaque. John travaillait en ronchonnant intérieurement qu’aucune mesure d’adaptation n’a été trouvée pour compenser l’imbécilité humaine. Tous ces agités du bocal évoluaient sous l’œil attendri des guppies. Ils tournoyaient gracieusement depuis l’aquarium destiné à améliorer les conditions de vie et de productivité en open space.
Jour 14 : Oraison
Marianne
On a
du marcher environ dix minutes. Puis nous sommes arrivés dans un champ. Encore quelques
instant de marche avec mon banc de poisson pour rejoindre un autre groupe… de poisson
aussi ! Tous en cercle, ils récitaient des phrases incompréhensibles à mon
oreille ! On aurait pu se croire en pleine oraison funèbre. Bien qu’il
n’y ai aucune funérailles en cours !
Ma morue,
toujours collée à moi, m’a glissé discrètement que tout ses amis parlaient le poisson.
Pendant une fraction de seconde nos regards se sont croisés et j’ai compris que
si je tenais à ma vie, il fallait mieux que je fasse semblant de tout
comprendre… Cela bien sûr, en attendant de pouvoir fuir ! Oui, la fuite est
devenue alors mon premier objectif !
Maeva
Un horizon d’oraisons s’étalait à perte d’étagères. Installé confortablement dans la bibliothèque du manoir familial dont il avait hérité, il préservait le monde de son talent, tout en effleurant du regard les couvertures de veau basané marqué aux fers de formes de fleurettes d’or fin. Sa dérision ferait de lui le dernier bourgeon d’un arbre généalogique fait de déraison. Ce colosse serait le dernier volume aux pages intactes parachevant une saga titanesque. Un coup donné à la porte fit soudain irruption dans son néant. Pourquoi l’extérieur venait-il se rappeler à lui ?
Jour 15 : Plume
Marianne
Puisque
je suis là face à toi, tu te doute que j’ai réussi. Mais ça n’a pas été une si mince
affaire que ça. Figure toi, que je ne l’avais pas vu dès le départ, mais au centre
de leur cercle il y avait une sorte de trône ! Il était composé de toute sorte
de matériaux naturels : des branchages, des plumes d’oiseaux, des pierres…
Personne n’était installé dedans. Pour l’instant.
Le silence
à alors pris le dessus. Mais pas n’importe quel silence. Je pense que c’était un
silence d’apocalypse ! Plus aucun sons ne nous parvenait. Et là ! Plusieurs
poissons m’ont attrapé et poussé vers ce trône. J’ai eu beau refusé, je me suis
retrouvé les fesses posée dessus !
Isabelle
On dit souvent "léger comme une plume », c’est étrange cette comparaison, parce que pour qu’une chose soit aussi légère qu’une plume c’est qu’elle ne pèse que quelques grammes. La légèreté d’une plume, la grâce d’une plume, la douceur d’une plume… Tel un oiseau libre de voler, j’aimerais être cette plume et m’évader au gré du vent.
Maeva
Trois points dansent dans une bulle sur mon écran de téléphone.
Puis, le phylactère éclate en ces mots : « Marianne, il faut que je te
raconte !
- Qu’est-ce qu’il t’arrive, Aveam ? Réponds-je.
- Bah voilà, j’avais ouvert une page de traitement de texte, elle était
d’un vide inquiétant, menaçant, il y avait quelque chose d’accusateur
dans le clignotement du curseur.
- Comment ça ?
- La barre de texte se dérobait à moi par à coups, comme si elle me
fuyait tout en demeurant fixe, sidérée. J’avais une histoire en moi
pourtant qui grouillait et voulait sortir.
- Ah zut ! Ça craint ! Qu’as-tu-fait alors ?
- J’ai tout fermé et j’ai pris mon stylo plume. Les mots ont jailli en
un conte sur la règle de Maât.
- Et sa vérité légère comme une plume ? »
Jour 16 : Incendie
Marianne
C’est
là que j’ai eu une idée lumineuse ! J’allais mettre le feu à tout ce qui m’entoure !
Déclencher un petit incendie juste ce qu’il faut pour créer un vent de panique.
Et pouvoir grâce à ça, discrètement me faire la malle ! Bon il me restait à
trouver comment mettre mon plan à exécution… N’ayant aucune allumettes à porté de
main, j’ai décidé d’utiliser deux silex.
Oui, c’est une méthode un peu archaïque. Mais c’est tout ce que j’avais proche de moi. Des matériaux inflammable et des silex. J’étais toujours en guenilles, hein ! Donc j’ai commencé à les cogner entre eux. Aucun poisson n’a rien soupçonné. Ils ont cru que j’inventais une nouvelle prière à je ne sais quel dieu. Tous on ramassé des cailloux et ont commencé à faire comme moi…
Maeva
Au delà jadis et hier, la mer de cîmes,
Hélas c’était avant que l’incendie décime.
Avertissements et conseils bruissaient des feuilles,
Plût au ciel qu’écouter cette pluie l’Homme veuille
Végétaux, puis minéraux, Vent, balaie les cendres.
Sèche les yeux de qui ne pouvait entendre.
Les flammes ont fui le temps, crépitement tû,
De l’orgueil récolte le fruit l’être têtu.
Rompu le pacte Nature et Humanité !
Sans papier, le silence pour indemnité.
Est-il encore assurance de résilience ?
Sur ses charmes la Terre a mis bonnet.
Sornette de sonnette que ce sonnet :
Plus rien… Ne riment rimes embrasées sans sens.
Jour 17 : Demi
Marianne
Au moins
je n’avais aucun problème de discrétion ! Juste à espérer un peu de chance.
Moi qui envisageait un petit feu. J’ai été servi ! Presque tout le monde à
fait des étincelles en même temps. C’était un spectacle magnifique. Je l’aurais
sans doute apprécié autrement si je n’étais pas obnubilé par ma fuite. Et puis je
n’ai pas non plus eu le temps pour ça.
Les poissons en cru que leur dieu approuvait leur choix de me déposer sur le trône. Malgré tous ces petits départs de feu, il n’y a eu aucune demi-mesure dans leurs actions ! Certains se sont mis à genoux pour prier alors que d’autres ont couru dans tous les sens ou se sont évanouie. On peut dire que la voie était libre… Je me suis donc levé et je suis parti. Comme si de rien n’était !
Maeva
Cette élève, cette petite Marie, avec ses couettes et son air
absent, je n’aurais vraiment pas parié dessus. Elle n’était pas entrée
dans ma classe de solfège. Elle avait trébuché depuis le seuil et
rebondi, tant bien que mal, sur une chaise, où elle s’était perchée,
plus qu’assise. Elle s’avéra indifférente à la théorie musicale que
j’exposais, un peu mécaniquement, je le reconnais. Elle identifia tous
les accords de seconde mineure, tous les demi-tons, sur toutes les
octaves de mon piano, les différenciant, sans jamais faillir, des
secondes majeures. De passagère clandestine, elle devint bien vite
capitaine de notre odyssée musicale, une sirène aux pouvoirs surprenants
qui se révélèrent davantage chaque jour…
Jour 18 : Translucide
Marianne
Je ne
me suis pas retourné. J’ai avancé sans réfléchir pour m’éloigner le plus possible
de tout ça. Mais à un moment j’ai entendu un craquement dans mon dos. J’ai fait
volte face en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ! Et qui est-ce que
j’ai trouvé face à moi ? Ma morue…
Je ne
sais pas ce qu’elle a avec moi. Mais elle ne veut pas me quitter… Enfin ça tu le
sais déjà, puisque je suis arrivé avec elle. Heureusement que maintenant elle dort.
Je commence à fatiguer de m’occuper d’elle !
Enfin bon. Quand je l’ai vu, elle était livide. Limite translucide ! Elle s’est brûlée les mains avec le feu des silex. Si tout ça n’était pas ma faute peut-être que je l’aurais laissé en plan… Au fond, je crois que je me suis un peu trop attaché à elle…
Isabelle
Cet été de mes 15 ans restera gravé à jamais dans ma mémoire. Alors que je passais de paisibles vacances avec mes parents au bord de la mer, un phénomène assez rare s'est offert à nous... Nous arrivions sur la plage chargés de serviettes, parasols, livres lorsque nos regards ont fixé le sable. Au lieu de ces grains chauds et dorés, des milliers de méduses translucides recouvraient la plage tel un tapis. À la fois beau et lumineux nous n'en croyions pas nos yeux. Nous n'avons jamais su ce qu'il s'était passé, mais la cruelle beauté de ces méduses privées de leur élément naturel me revient souvent lorsque je vois tes yeux si clairs presque translucides...
Maeva
Diaphanes, translucides, éthérées se déploient les ailes des cupidons
caracolant dans leur ciel sans nuages. Mais si l’amour peut voler,
l’amour peut planer, l’amour peut batifoler, il ne peut déambuler, tel
un zombie, sur les terres embrumées de la quotidienneté et de la
banalité.
Jour 19 : Agripper
Marianne
Bon, elle aussi au final ! On s’est regardé un moment avant que je hoche la tête pour approuver je ne sais pas trop quoi. Mais du coup, elle s’est approché et agrippée à moi. Ensemble, on a marché le plus loin possible du bazar que j’ai créé. Petit à petit, nous avons réussi à atteindre la bout de l’île. Elle était vraiment très faible. Et ses blessures pas jolies…
Heureusement,
une barque était amarré dans le port. Ce n’était pas l’idéal mais la seul solution
à ma portée ! On s’est installé et j’ai ramé. Une heure au moins. Sans doute
plus… Avant d’arriver sur la rive du continent. On est venu directement ici. Il
n’y a pas établissement plus proche de la plage que le tiens mon ami. Et comme je
sais que je peux compter sur toi… Je suis là !
Isabelle
Tiens toi mieux !
Roh... Tu vas glisser ! Agrippe toi ! Tout de suite ou tu vas finir au fond de ce ravin !
Pose ton pied sur la pierre à gauche, oui c'est ça ! Bon, maintenant tu soulèves ton pieds droit et tu le mets dans la fente, un peu plus haut, tu y es presque... Voilà c'est bon ! Tu es stable ? Arrête de bouger, j'appelle les secours ! Reste bien agrippé !
Voilà j'ai appelé, ils arrivent ! Dans 3h... T'inquiète pas ça va le faire... Enfin j'espère... En même temps, tu aurais pu faire attention où tu mettais les pieds ! Tu ne peux t'en prendre qu'à toi... Encore une chance que je n'étais pas loin ! Tu veux faire une partie de cartes ? Ah non, t'as besoin de tes deux mains... C'est dommage...
Maeva
Tous les occuloscopes de la galaxie étaient braqués sur lui. Il avait
été tiré au sort dans le cadre de la procédure éthique du consortium
inter-espèces après avoir surmonté les épreuves éliminatoires. La
situation était critique, le choix revenait à Jimbo. Sa main tremblante
devait impérativement agripper le levier et orienter les biopuces.
Certains seraient sacrifiés, d’autres sauvés. En cas d’inaction tous
mourraient dans les douze minutes à venir. Quant à Jimbo, coupable, mais
non responsable, il deviendra bientôt martyr d’une cause qui n’était
pas la sienne.
Jour 20 : Tribune
Marianne
Déjà,
merci pour les vêtements. Pour tous les deux. Je le sens plus à l’aise comme ça.
Et je pense qu’elle aussi. Par contre, ça me fait drôle de la voir comme ça, sans
son costume de morue. Merci aussi pour le repas, l’hébergement… Et oui, merci de
l’avoir soignée. Elle devrait vite se remettre.
Un dernier
merci encore. Merci de m’avoir offert cette tribune pour te raconter mon
aventure. Je ne sais pas ce qui va advenir maintenant. J’aimerais beaucoup retrouver
ma mémoire. Comprendre ce que je faisais sur cette plage dans cette tenue et pourquoi
mon village a été assiégé par des poissons…
« Moi,
je sais ! »
Assise
sur le canapé, ma morue nous fixe avec des étincelles plein les yeux.
Isabelle
Allez les bleus
Allez les bleus
Allez les bleus
Allez les bleus
Quelle ambiance ! Ce match que j'attends depuis si longtemps, ça y est, c'est ce soir !
Allez les bleus
Allez les bleus
Allez les bleus
Allez les bleus
Ça va être un super match
Les tribunes sont pleines de supporters bienveillants qui vont encourager leurs équipes respectives
Allez les bleus
Allez les bleus
Allez les bleus
Allez les bleus
Qui va gagner ? Quelle importance, le principal est de participer, non ?
Maeva
Soir de concert, vue plongeante sur la fosse, elle se compose d’une
myriade de vibrati, de pixels de couleur mouvant, aperçus depuis la
tribune. Celle-ci ondule, swingue, se déhanche et tangue au rythme des
musiciens, dont elle constitue le véritable instrument. Sous le silence
éternel des étoiles monte une clameur. Cette nuit l’accord se conjugue
au parfait du paradoxe présent.
Jour 21 : Éblouir
Marianne
On l’a écouté raconter comment elle et ses amis mon découvert sur la plage. Comment ils ont senti que je serai leur prochain roi. Comment ils se sont ensuite battu pour m’avoir chacun pour eux. Comment je me suis aussi évanouie par tant de secousses de leur part. Et donc, comment je me suis retrouvé avec des vêtements en lambeaux…
Suite
à ça, un appel à retenti et le petit banc se poisson est parti en m’abandonnant.
S’ils ne pouvait faire de choix, c’est que je n’étais pas digne d’éblouir
leur monde…
Avec
mon ami, nous avons échangé un regard, terrorisé à l’idée de ce que nous réservait
l’avenir. Oui, parce que ma morue a prononcé une dernière phrase avant de nous faire
un sourire plein de dent.
« Quand est-ce qu’on retourne sur l’île ? »
Maeva
Devant le sapin qui scintille, c’est son courage qui n’a de cesse
de m’éblouir. Un ami pharmacien lève un verre approbateur à sa santé.
Mon père rayonne d’une lueur d’espoir, pour son premier Noël-purée,
depuis son opération d’un cancer de l’estomac. Lui, le gourmand,
l’épicurien, nous fait le don de ce surcroît de vie. Merci aux médecins
et merci à ce patient qui a su sacrifier son amour de la bonne chère
pour la tendre de ceux qui lui sont chers.
Pour un savoir plus, vous pouvez vous rendre sur ce site :
https://kobowritinglife.fr/2024/10/04/le-mois-de-lecriture-2024/#liste2024