Dix ans...
Aujourd’hui est un grand jour. Maman fête ses quarante ans. Nous avons décidé de lui faire une surprise et toute la famille est venue pour l’occasion. Nous étions tous cachés dans la salle à manger. Quand elle est rentrée de chez le coiffeur, elle ne s’attendait absolument pas à nous trouver là à s’écrier « surprise ! ». Son étonnement a très vite laissé place à la joie et au bonheur. Alors que cette petite fête battait son plein, quelqu’un sonne à la porte. Tiens ? J’ai rapidement recompté l’ensemble des personnes présentes pour vérifier qui pouvait bien manquer. Maman demande s’il s’agit d’un invité surprise retardataire. Pourtant tout le monde est censé être là. A moins que le facteur souhaite s’installer à son tour à notre table. Mon frère me rétorque, avec une pointe d’humour, que non, ça ne peut pas être lui puisqu’il est déjà passé ce matin…
Je leur dis de ne pas bouger et de continuer à s’amuser. Je vais voir. Je sors alors de la salle pour prendre le couloir qui mène à la porte d’entrée. La durée de notre petite conversation a dû impatienter la silhouette que j’aperçois au travers de la vitre opaque. Celle-ci appuie de nouveau sur le bouton et fait retentir une seconde sonnerie. Je m’arrête, prend ma respiration, vérifie dans le miroir que je suis présentable et penche ma main vers la poignée.
Alors que j’entrouvre porte, en une fraction de seconde, je m’imagine qui pourrait bien être cette personne. Au vu de la corpulence de la silhouette, certainement un homme. Peut-être est-il engagé par l’armée pour venir nous vendre de l’air en boite de conserve. Ou alors c’est le président de la république qui vient nous souhaiter tous ses vœux de bonheur. Ou alors… Non. C’est une personne bien plus improbable que cela. Ma mâchoire en tombe de stupeur. Pourquoi, lui, est-t-il vraiment là ?
« Bonjour… »
N’a-t-il rien d’autre à dire qu’un simple « bonjour » ? En même temps, que dire ? Cela fait dix ans que je ne l’ai pas vu. Dix ans qu’il ne s’est pas approché de cette maison. Dix ans qu’il nous a quitté. Dix ans que nous n’avons plus eu de nouvelles. Dix ans que ce père, que MON père ne s’est pas présenté ici. Dix ans. Jour pour jour.
Il me regarde, j’en fais autant. Nous nous fixons l’un l’autre. Ni lui ni moi ne prononçons le moindre mot. Le temps autour de nous s’est arrêtés d’une telle façon que nous nous trouvons plongés dans le passé. Enfin moi je m’y trouve. Lui, je ne sais pas.
Nous sommes le jour des trente ans de maman. Rien de particulier n’est prévu ce jour-là. Un anniversaire tout simple pour une famille toute simple. Tout le monde s’amuse. Maman la première. Les bougies soufflées, vient l’heure des cadeaux. Elle commence par celui de mon frère, puis le mien. Au tour de papa. Mais il ne l’a pas. Son paquet est resté chez le voisin. C’est lui qui avait proposé de le garder. Papa se lève, sort de la salle à manger, prend une veste sur le porte manteau et enfile une paire de chaussure. Tout cela en nous disant qu’il en a pour moins de dix minutes et que nous pouvons commencer à couper le gâteau.
Les minutes filent. Maman s’impatiente. Elle cherche à en savoir plus. Elle nous interroge. Les dix minutes sont écoulées. Papa n’est toujours pas revenu. Elle lui trouve des excuses et nous dis de retourner dans nos chambres poursuivre nos activités respectives. Il va bien finir par rentrer.
Après de longues minutes d’attente, maman décide d’aller voir chez le voisin ce qui lui prend autant de temps. Nous l’accompagnons. Le voisin nous demande pourquoi nous sommes là tous les trois alors que c’est notre père qui devait venir chercher le paquet. Il nous a fallu deux minutes pour atteindre sa maison. Papa est parti il y a plus d’une demi-heure et il n’y est toujours pas arrivé ?
Maman appelle la police. Elle ne tarde pas. Ils ne peuvent rien faire. Il est parti de son plein gré et, par conséquent, n’est pas considéré comme « disparu ». Le voisin, tenu informé, nous propose tout de même le paquet. Maman n’en veut pas. Il décide de le garder, au cas où… Mais à quoi bon ? Papa n’est pas là. Papa n’est plus là.
Combien de fois ne me suis-je pas rejouée cette fin d’après-midi ? A chaque fois j’imaginais une fin différente. A chaque fois papa rentrait pour offrir son cadeau à maman. Ce n’était, jusqu’à aujourd’hui, qu’un rêve mais je sais que je n’étais pas la seule à le faire. Plusieurs fois nous avons entendu maman pleurer le soir dans son lit alors que nous étions censés dormir depuis des heures avec mon frère.
Nous sommes restés fort, tous les trois, soudés, davantage depuis son départ. Jamais nous n’avons fléchi. Toujours debout avec cet énorme fardeau sur le dos. Mais là, face à ce presque inconnu qui nous a terriblement manqué, je ne sais pas quoi faire, quoi dire. Il s’en rend certainement compte et me déleste de ce poids en prenant la parole.
« J’ai mis le temps, mais j’ai trouvé… »
En prononçant ces quelques mots d’une voix légèrement tremblotante, il sort un petit paquet de sa poche. Un petit paquet dont je me souviens. Il y a dix ans, alors que je partais à la chasse aux informations pour maman trop curieuse, papa me l’avait montré ce petit paquet difforme emballé dans un papier à pois désormais un peu jauni. Il m’avait fait promettre de garder le secret, de ne rien dire.
Depuis la salle à manger, j’entends tout le monde s’impatienter. Ils se demandent qui peut bien être cette personne mystère venue les déranger au cœur de la fête. S’ils savaient… Alors que nous sommes toujours en train de nous regarder, maman décide de venir voir par elle-même. La porte est entrouverte et du fond du couloir elle ne peut rien voir hormis une vague silhouette.
Elle me parle, je ne l’entends pas. Elle s’inquiète et accélère le pas. Tout en me regardant elle ouvre grand la porte. Elle n’a pas encore tournée la tête, elle ne l’a pas encore vu. Mais lui si. Comme dans un film, c’est au ralenti qu’elle découvre enfin cet inconnu qui m’a pétrifié comme une statue : mon père.
Maman commence par regarder papa sans le voir, sans réaliser qui elle a face à elle. Puis de simples larmes tombent de ses yeux, impossible à retenir. Elle défaille et mon frère, curieux comme toujours, s’est approché, la rattrape de justesse avant qu’elle ne touche le sol.
La porte est maintenant grande ouverte et la maison plongée dans un silence apocalyptique. Tous les invités ont découvert l’identité de l’invité mystère.
« Nous devrions peut-être vous laisser… »
Je ne sais pas qui a dit cela, mais d’un commun accord tout le monde est parti. Dans le plus grand silence et sans le moindre regard, ils ont tous défilés devant nous. Moi devant l’entrée avec papa sur le pas de la porte et mon frère soutenant maman à côté.
Après quelques secondes, le temps a repris son cours. Maman est partie à la cuisine et nous l’avons suivie. Sans nous en rendre compte, nous avons tous repris là même place qu’il y a dix ans. Contrairement à nous, la pièce n’a pas changé. Papa s’est approché et a déposé le paquet devant maman avant de prendre place sur la dernière chaise disponible.
Nous n’avons posé aucune question. Mais il savait ce qu’il avait à dire. On ne peut pas partir pendant dix ans, quitter les gens que l’on aime et qui nous aime et reprendre le tout là où on l’avait laissé sans aucune explication.
« On ne s’excuse pas soi-même, c’est pourquoi je vous demande de m’excuser. Vous allez surement me rire au nez quand vous connaîtrez la raison de ma disparition, mais je vous promets que c’est l’exacte vérité. Je n’ai aucune raison de vous mentir, sinon je ne serais pas revenu. Ce jour-là, quand je suis sorti, je devais aller chez le voisin. Et comme vous le savez, je n’y suis jamais arrivé. J’avançais d’un pas décidé quand je me suis arrêté au milieu de la rue. Sans plus savoir où je devais aller. Ni d’où je venais. Mon cerveau a fait trois tours sur lui-même avant de me pousser à avancer. Avancer. Avancer. Plus rien d’autre ne comptait pour moi que de mettre un pied devant l’autre. Les jours ont commencé à défiler et j’ai fini par être arrêté. A cinquante kilomètres d’ici. Les gendarmes m’on prit en train de voler de quoi manger au marché. Ils m’ont demandé mon identité. Je n’en savais plus rien. Je n’avais aucune idée de qui j’étais. Le trou noir. Ils ne pouvaient pas me garder et je me suis retrouvé dans un hôpital. J’y étais jusqu’à hier. Sans raison, il y a un mois, j’ai eu une révélation. Je me suis souvenu d’une date. Celle d’aujourd’hui. Puis d’un nom, d’une adresse… Et d’une mission. Celle de t’apporter ce paquet. Les médecins étaient heureux. Après une batterie de tests ils ont accepté de me laisser sortir… Et me voilà. »
Nous l’avons tous regardé. Cela faisait dix ans que papa était devenu amnésique du jour au lendemain. Dix ans qu’il dormait à cinquante kilomètres de nous sans que nous le sachions. Dix ans que nous le croyons parti volontairement alors qu’il était malade. Dix ans… Le temps devait reprendre son cours. Maman a ouvert son paquet pour découvrir un petit ours en peluche. Un simple petit ours en peluche qui allait devenir un véritable symbole.
Rattraper dix ans d’une vie ce n’est pas évident,
mais nous n’avions pas le choix. Papa est enfin rentré à la maison. Ce rêve que
nous faisions tous les trois s’est enfin réalisé. Il ne reste maintenant qu’à
nous mettre en marche pour… Un nouveau départ…
Aujourd’hui est un grand jour. Maman fête ses quarante ans. Nous avons décidé de lui faire une surprise et toute la famille est venue pour l’occasion. Nous étions tous cachés dans la salle à manger. Quand elle est rentrée de chez le coiffeur, elle ne s’attendait absolument pas à nous trouver là à s’écrier « surprise ! ». Son étonnement a très vite laissé place à la joie et au bonheur. Alors que cette petite fête battait son plein, quelqu’un sonne à la porte. Tiens ? J’ai rapidement recompté l’ensemble des personnes présentes pour vérifier qui pouvait bien manquer. Maman demande s’il s’agit d’un invité surprise retardataire. Pourtant tout le monde est censé être là. A moins que le facteur souhaite s’installer à son tour à notre table. Mon frère me rétorque, avec une pointe d’humour, que non, ça ne peut pas être lui puisqu’il est déjà passé ce matin…
Je leur dis de ne pas bouger et de continuer à s’amuser. Je vais voir. Je sors alors de la salle pour prendre le couloir qui mène à la porte d’entrée. La durée de notre petite conversation a dû impatienter la silhouette que j’aperçois au travers de la vitre opaque. Celle-ci appuie de nouveau sur le bouton et fait retentir une seconde sonnerie. Je m’arrête, prend ma respiration, vérifie dans le miroir que je suis présentable et penche ma main vers la poignée.
Alors que j’entrouvre porte, en une fraction de seconde, je m’imagine qui pourrait bien être cette personne. Au vu de la corpulence de la silhouette, certainement un homme. Peut-être est-il engagé par l’armée pour venir nous vendre de l’air en boite de conserve. Ou alors c’est le président de la république qui vient nous souhaiter tous ses vœux de bonheur. Ou alors… Non. C’est une personne bien plus improbable que cela. Ma mâchoire en tombe de stupeur. Pourquoi, lui, est-t-il vraiment là ?
« Bonjour… »
N’a-t-il rien d’autre à dire qu’un simple « bonjour » ? En même temps, que dire ? Cela fait dix ans que je ne l’ai pas vu. Dix ans qu’il ne s’est pas approché de cette maison. Dix ans qu’il nous a quitté. Dix ans que nous n’avons plus eu de nouvelles. Dix ans que ce père, que MON père ne s’est pas présenté ici. Dix ans. Jour pour jour.
Il me regarde, j’en fais autant. Nous nous fixons l’un l’autre. Ni lui ni moi ne prononçons le moindre mot. Le temps autour de nous s’est arrêtés d’une telle façon que nous nous trouvons plongés dans le passé. Enfin moi je m’y trouve. Lui, je ne sais pas.
Nous sommes le jour des trente ans de maman. Rien de particulier n’est prévu ce jour-là. Un anniversaire tout simple pour une famille toute simple. Tout le monde s’amuse. Maman la première. Les bougies soufflées, vient l’heure des cadeaux. Elle commence par celui de mon frère, puis le mien. Au tour de papa. Mais il ne l’a pas. Son paquet est resté chez le voisin. C’est lui qui avait proposé de le garder. Papa se lève, sort de la salle à manger, prend une veste sur le porte manteau et enfile une paire de chaussure. Tout cela en nous disant qu’il en a pour moins de dix minutes et que nous pouvons commencer à couper le gâteau.
Les minutes filent. Maman s’impatiente. Elle cherche à en savoir plus. Elle nous interroge. Les dix minutes sont écoulées. Papa n’est toujours pas revenu. Elle lui trouve des excuses et nous dis de retourner dans nos chambres poursuivre nos activités respectives. Il va bien finir par rentrer.
Après de longues minutes d’attente, maman décide d’aller voir chez le voisin ce qui lui prend autant de temps. Nous l’accompagnons. Le voisin nous demande pourquoi nous sommes là tous les trois alors que c’est notre père qui devait venir chercher le paquet. Il nous a fallu deux minutes pour atteindre sa maison. Papa est parti il y a plus d’une demi-heure et il n’y est toujours pas arrivé ?
Maman appelle la police. Elle ne tarde pas. Ils ne peuvent rien faire. Il est parti de son plein gré et, par conséquent, n’est pas considéré comme « disparu ». Le voisin, tenu informé, nous propose tout de même le paquet. Maman n’en veut pas. Il décide de le garder, au cas où… Mais à quoi bon ? Papa n’est pas là. Papa n’est plus là.
Combien de fois ne me suis-je pas rejouée cette fin d’après-midi ? A chaque fois j’imaginais une fin différente. A chaque fois papa rentrait pour offrir son cadeau à maman. Ce n’était, jusqu’à aujourd’hui, qu’un rêve mais je sais que je n’étais pas la seule à le faire. Plusieurs fois nous avons entendu maman pleurer le soir dans son lit alors que nous étions censés dormir depuis des heures avec mon frère.
Nous sommes restés fort, tous les trois, soudés, davantage depuis son départ. Jamais nous n’avons fléchi. Toujours debout avec cet énorme fardeau sur le dos. Mais là, face à ce presque inconnu qui nous a terriblement manqué, je ne sais pas quoi faire, quoi dire. Il s’en rend certainement compte et me déleste de ce poids en prenant la parole.
« J’ai mis le temps, mais j’ai trouvé… »
En prononçant ces quelques mots d’une voix légèrement tremblotante, il sort un petit paquet de sa poche. Un petit paquet dont je me souviens. Il y a dix ans, alors que je partais à la chasse aux informations pour maman trop curieuse, papa me l’avait montré ce petit paquet difforme emballé dans un papier à pois désormais un peu jauni. Il m’avait fait promettre de garder le secret, de ne rien dire.
Depuis la salle à manger, j’entends tout le monde s’impatienter. Ils se demandent qui peut bien être cette personne mystère venue les déranger au cœur de la fête. S’ils savaient… Alors que nous sommes toujours en train de nous regarder, maman décide de venir voir par elle-même. La porte est entrouverte et du fond du couloir elle ne peut rien voir hormis une vague silhouette.
Elle me parle, je ne l’entends pas. Elle s’inquiète et accélère le pas. Tout en me regardant elle ouvre grand la porte. Elle n’a pas encore tournée la tête, elle ne l’a pas encore vu. Mais lui si. Comme dans un film, c’est au ralenti qu’elle découvre enfin cet inconnu qui m’a pétrifié comme une statue : mon père.
Maman commence par regarder papa sans le voir, sans réaliser qui elle a face à elle. Puis de simples larmes tombent de ses yeux, impossible à retenir. Elle défaille et mon frère, curieux comme toujours, s’est approché, la rattrape de justesse avant qu’elle ne touche le sol.
La porte est maintenant grande ouverte et la maison plongée dans un silence apocalyptique. Tous les invités ont découvert l’identité de l’invité mystère.
« Nous devrions peut-être vous laisser… »
Je ne sais pas qui a dit cela, mais d’un commun accord tout le monde est parti. Dans le plus grand silence et sans le moindre regard, ils ont tous défilés devant nous. Moi devant l’entrée avec papa sur le pas de la porte et mon frère soutenant maman à côté.
Après quelques secondes, le temps a repris son cours. Maman est partie à la cuisine et nous l’avons suivie. Sans nous en rendre compte, nous avons tous repris là même place qu’il y a dix ans. Contrairement à nous, la pièce n’a pas changé. Papa s’est approché et a déposé le paquet devant maman avant de prendre place sur la dernière chaise disponible.
Nous n’avons posé aucune question. Mais il savait ce qu’il avait à dire. On ne peut pas partir pendant dix ans, quitter les gens que l’on aime et qui nous aime et reprendre le tout là où on l’avait laissé sans aucune explication.
« On ne s’excuse pas soi-même, c’est pourquoi je vous demande de m’excuser. Vous allez surement me rire au nez quand vous connaîtrez la raison de ma disparition, mais je vous promets que c’est l’exacte vérité. Je n’ai aucune raison de vous mentir, sinon je ne serais pas revenu. Ce jour-là, quand je suis sorti, je devais aller chez le voisin. Et comme vous le savez, je n’y suis jamais arrivé. J’avançais d’un pas décidé quand je me suis arrêté au milieu de la rue. Sans plus savoir où je devais aller. Ni d’où je venais. Mon cerveau a fait trois tours sur lui-même avant de me pousser à avancer. Avancer. Avancer. Plus rien d’autre ne comptait pour moi que de mettre un pied devant l’autre. Les jours ont commencé à défiler et j’ai fini par être arrêté. A cinquante kilomètres d’ici. Les gendarmes m’on prit en train de voler de quoi manger au marché. Ils m’ont demandé mon identité. Je n’en savais plus rien. Je n’avais aucune idée de qui j’étais. Le trou noir. Ils ne pouvaient pas me garder et je me suis retrouvé dans un hôpital. J’y étais jusqu’à hier. Sans raison, il y a un mois, j’ai eu une révélation. Je me suis souvenu d’une date. Celle d’aujourd’hui. Puis d’un nom, d’une adresse… Et d’une mission. Celle de t’apporter ce paquet. Les médecins étaient heureux. Après une batterie de tests ils ont accepté de me laisser sortir… Et me voilà. »
Nous l’avons tous regardé. Cela faisait dix ans que papa était devenu amnésique du jour au lendemain. Dix ans qu’il dormait à cinquante kilomètres de nous sans que nous le sachions. Dix ans que nous le croyons parti volontairement alors qu’il était malade. Dix ans… Le temps devait reprendre son cours. Maman a ouvert son paquet pour découvrir un petit ours en peluche. Un simple petit ours en peluche qui allait devenir un véritable symbole.
Rattraper dix ans d’une vie ce n’est pas évident,
mais nous n’avions pas le choix. Papa est enfin rentré à la maison. Ce rêve que
nous faisions tous les trois s’est enfin réalisé. Il ne reste maintenant qu’à
nous mettre en marche pour… Un nouveau départ…